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  • Photo du rédacteurValentine

Kelian : le récit d'une immersion qui a changé sa vie.


Kelian, 19 ans, est un jeune étudiant, qui aujourd’hui à décider de se confier à propos de l’immersion totale qu’il a vécu en Suède durant un an, dans une famille d’accueil. Pourquoi ? Comment ? En quoi cette expérience as-t-elle changé sa vie ? Plein de questions auxquelles nous allons répondre.

UN OBJET POUR ATTIRER L’ATTENTION

J'ai demandé à Kelian de m'apporter un objet qui le représente. L’objet qu'il a choisit est un pins trouvé dans une boutique de souvenirs en Suède. « Il représente les trois couronnes suédoises, symbole de la principauté de la Suède » m'explique-t-il. Kelian aime porter cet objet sur ses vêtements afin d’attirer l’attention, mais pas de n’importe qui : « ça suscite le questionnement, et les gens sincère viennent d’eux même. » Pour lui, seuls les connaisseurs vont pouvoir comprendre qu’il s’agit de la Suède. Kelian nous confie également « Je ne veux pas en parler si je sens que la personne ne veut pas ». Pour lui, ce qui est important, ce n’est pas l’objet en lui-même, mais ce qu’il signifie pour lui. La Suède est son passé car c’est une expérience qui a eu lieu en 2015, lorsqu’il était en seconde générale, à seulement 15 ans. Mais c’est aussi son présent « car je continu à en parler aujourd’hui, j’ai toujours autant d’amour, de passion pour ça, je ne m’en lasse pas. ». Et c’est enfin son futur, « car ça m’a forgé, et ça continu encore, c’est quelque chose qui me servira toute ma vie. »


UNE MOTIVATION PARTICULIÈRE

Kelian voulait quitter la France pour plusieurs raisons. « Je suis parti pour changer. Je n’allais pas bien en France, l’institution ne me correspondait pas, j’avais besoin de m’échapper, j’avais besoin de découvrir quelque chose d’autre, mais propre à moi. » Il voulait partir, voyager, se retrouver face à lui-même : vœux qu’il n’aurait pas pu exaucer sans AFS Vivre Sans Frontières, l’association avec laquelle il est parti. « Quand tu reviens de cette expérience, t’es métamorphosé, mon nouveau style vestimentaire m’a permis de changer d’image d’un coup. » La Suède a été une destination par hasard : son choix s’est porté sur ce pays d’après les conseils de son père : « je n’avais jamais entendu parler de ce pays avant, je ne connaissais rien, même pas la langue, même pas la capitale, je ne savais même pas où il se situait, mais je me suis dit : pourquoi pas ». Il s’est très peu renseigné avant de partir, et a appris les bases de la langue via une plateforme dont l’association lui donnait l’accès.

DES SOUVENIRS GRAVES

Kelian se remémore souvent son voyage. Il continu d’être présent dans son esprit même 4 années après son retour. La preuve, il a choisi le Suédois comme seconde langue à la fac. « Tu ne peux pas te souvenir de tout, mais parfois ça revient en réécoutant une musique, en parlant avec quelqu’un ». La musique occupe une place dans ses souvenirs : « La musique est une sorte de porte-bagage pour moi, j’y attache beaucoup de choses, car je voyage beaucoup avec la musique. ». Kelian, nostalgique, nous confie également : « le charme qu’on donne à une ville est immortel, donc peu importe quand tu y retournes, tu vas ressentir les mêmes choses. Les Suédois se souviendront toujours de moi comme je me souviens d’eux ».

UN RETOUR EN FRANCE COMPLIQUE

L’année de retour de son voyage en Suède est quelque chose dont il parle très peu, c’était très dur pour lui. « Il y a des choses qui changent, j’ai réglé certains problèmes, mais quand on en règle, il y en a d’autres qui arrivent ». Il n’a pas réglé ses problèmes scolaires, mais familiaux non plus. Kelian raconte qu’il a rencontré certains problèmes en Suèdes tels que des absences en cours. Il a même failli être renvoyé en France. « Ça devient tabou de parler de mon voyage [...] avec mes parents, pour eux, j’ai raté mon année, ils étaient déçus ». Il en a même souffert : « ça m’a fait mal parce que bien que ce soit un sacrifice pour moi, c’était aussi un sacrifice pour ma famille ». Mais ce retour a aussi signifié un changement, et une maturité qu’il n’avait pas avant. « J’ai eu une nouvelle façon de penser, une nouvelle façon de m’habiller, je devenais un peu anticonformiste [...] j’avais la sensation que tout était nul en France, j’avais vécu tellement un truc énorme là-bas, que j’étais déçu des gens en France, de leur mentalité ». Son entourage ainsi que les gens qu’il côtoyait dans son lycée l’ont déçu : « A mon, retour, je m’attendais à un minimum de curiosité, j’ai été très déçu par rapport à sa. Je pensais qu’on allait me poser des questions, qu’on allait s’intéresser à ce que j’ai vécu ». Il avait besoin d’exprimer ce qu’il avait vécu pendant toute une année à des personnes qui seraient compréhensives, et il a fini par les trouver : « je me suis rendu compte que les seuls qui comprendront ce que j’ai vécu c’est ceux qui ont vécu la même expérience, peu importe le pays dans lequel ils sont partis, c’est avec eux que j’ai pu avoir des discussions très profondes ». A propos de la différence de maturité, ce problème que Kelian a pu rencontrer est aujourd’hui résolu : « Non, je ne ressens plus le décalage avec les gens de mon âge et ça me rend triste, parce que malgré que ce soit difficile, tu te sentais différent, et c’est ce que je recherchais en partant. ». Mais la réintégration en France reste tout de même difficile selon lui : « c’est beaucoup de sacrifices de partir seul, parce que quand tu reviens, tu dois tout rattraper, et le travail du retour est extrêmement difficile, certain n’arrivent pas à se réintégrer en France ».

« LA FRANCE RESTE MON PAYS »

Kelian nous confie qu’il ne s’est jamais senti aussi Français qu’en Suède. Il était en Suède lors des attentats à Paris, ainsi que pendant le moment de gloire de l’Euro 2016. « Ça te rapproche de ton pays, de ta culture, t’as beau le détester dans son intérieur, t’es fier d’être français. Tu représentes ton pays donc t’es fier. » exprime-t-il, « il y a plein de choses que je préfère là-bas, mais la France reste mon pays ». Lors des attentats en France, Kelian accrochait fièrement son drapeau Français sur son sac en hommage aux victimes. Il a fait la même chose lorsqu’il était en France, lors des attentats à Stockholm, avec le drapeau de la Suède qu’il a gardé près de lui durant une semaine. « C’est contradictoire parce qu’avec l’éloignement du pays, tu deviens beaucoup plus patriote. »

CE QUE CETTE EXPERIENCE LUI A APPORTE

Kelian retient beaucoup le mot « tri ». « En France, j’ai trié beaucoup de choses, ça m’a permis de me séparer de gens qui étaient factices et permis de me retrouver en face de moi même. » La solitude ne lui a pas fait peur, elle lui a au contraire permis de se poser des questions comme : « qui suis-je ? est-ce que je me plais ? est-ce que c’est ce que j’ai envie d’être ? ». L’interculturalité, et l’immersion totale dans un pays a ses avantages : « T’apprends à te connaitre, tu découvres une culture, tu tombes amoureux d’un pays que tu ne connais pas, tu considères des gens que tu as vu pendant 1 an de ta vie, du jour au lendemain, c’est tes meilleurs amis, et tout ça c’est magique, c’est un rêve ; une sorte de rêve qui est devenu réalité. » C’est une expérience à laquelle pas tout le monde ne pense, il existe pourtant des associations pour. « Le plus difficile là-bas a été l’envie de parler Français, à un Français, de vive voix. C’est un manque énorme de pouvoir discuter dans sa langue natale. »

Pour conclure, Kelian nous confie qu’il donnerait tout pour revivre la même expérience.


Alors si ce genre d'expérience vous inspire, si vous hésitez encore à partir, croyez-moi, faites-le. Vous en ressortirez plus mature, mais surtout, vous aurez fait des rencontres qui changeront à jamais votre vie.

Qu'attendez-vous ? Foncez, il n'est jamais trop tard pour apprendre et découvrir une nouvelle culture.

Et que ce soit 15 jours, 6 mois ou 1 an, et peu importe le pays, vous rencontrerez forcément quelqu'un qui remettra tout en question, et qui vous fera dépasser vos limites.


Et nous avons tous besoin de ça, pour se retrouver soi-même.


Valentine.


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